Produits d’automatisation reconditionnés : une nouvelle tendance à suivre pour les services de maintenance
Michel Peran, Responsable Service Après-Vente chez Bosch Rexroth, nous explique pourquoi les industriels envisagent d’utiliser des produits reconditionnés en provennace d’autres usines que les leurs, et comment les fabricants de produits d’automatisation répondent à cette demande.
Un podcast résolument positif qui nous montre comment l’économie circulaire s’invite dans les services de maintenance pour répondre au besoin de performance industrielle avec plus de conscience écologique.
Animateur : Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode d’Expertise Podcast, pour lequel j’ai le plaisir d’accueillir Michel Peran, Responsable Service Après-Vente chez Bosch Rexroth.
Ensemble, nous allons parler d’économie circulaire dans l’industrie, et plus particulièrement de produits reconditionnés.
Si vous travaillez dans un service de maintenance industrielle et que vous n’avez encore jamais entendu parler de ce sujet, je vous conseille de rester avec nous quelques minutes. Je suis sûr que ce podcast va vous ouvrir de nouvelles perspectives. Car le modèle permettant de collecter des produits d’automatisation pour leur donner une deuxième vie existe déjà. Et il ne demande qu’à se développer.
Alors Michel, pour entrer dans le vif du sujet avec une question que se posent peut-être nos auditeurs, j’ai envie de vous demander : est-ce qu’on peut vraiment faire confiance à un produit reconditionné ? Nous sommes quand même dans le secteur de l’automatisation des machines de production ; la fiabilité reste j’imagine le critère de choix numéro 1 ?
Michel Peran : La réponse est deux fois oui : oui la fiabilité reste la priorité numéro 1 (avec la performance) et oui, on peut faire confiance aux composants reconditionnés.
Vous connaissez peut-être les prestations de remise à neuf (REMAN) de Bosch Rexroth. Et bien un produit reconditionné est un produit qui a bénéficié du même soin et des mêmes opérations : contrôle de l’ensemble des composants, réparation ou remplacement des composants défectueux, remplacement préventif de toutes les pièces d’usure, lavage complet et, lorsque cela est possible, une mise à jour hardware et logicielle.
La nouveauté qui se cache derrière le terme « reconditionné » est que l’on récupère des produits chez des industriels pour les revendre à d’autres industriels. Auparavant, la remise à neuf fonctionnait plutôt en circuit fermé.
Nos clients qui font régulièrement du REMAN savent très bien qu’il n’y a pas de différence avec un produit neuf en termes de performance et de fiabilité. Il ont d’ailleurs une garantie étendue à 24 mois [une pièce neuve étant garantie 18 mois]. Et c’est même avant tout dans une logique de performance économique et industrielle qu’ils intègrent la réparation, la remise à neuf, et maintenant les produits reconditionnés à leur stratégie de maintenance de l’obsolescence.
Animateur : Oui, je disais en introduction que ce podcast allait ouvrir de nouvelles perspectives pour les services de maintenance. C’est une sorte de troisième voie pour continuer à faire fonctionner correctement des machines lorsque des produits sont largement diffusés depuis des années.
Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur la manière dont Bosch Rexroth a abordé le sujet des produits reconditionnés et pourquoi ce modèle est intéressant pour vos clients ?
Michel Peran : Nous avons commencé à racheter des produits usagés à nos clients fin 2021. Et depuis cette date, nous communiquons de plus en plus sur notre programme de reprise pour qu’il se développe à hauteur des enjeux de l’économie circulaire.
Dans le cadre de notre programme « Rebuy », nous reprenons les produits d’entraînement quel que soit leur état : obsolète, contaminé, défectueux ou simplement usagé. Une seule condition : qu’ils soient complets.
Nos clients n’ont pas encore le réflexe de faire reprendre leurs produits. Traditionnellement, dans les service de maintenance, on aime bien garder des pièces « au cas où », et pour son propre usage.
Avec les difficultés d’approvisionnement en composants auxquelles nous avons été confrontées récemment, on pourrait penser que l’envie de garder les pièces pour soi aurait tendance à se renforcer. Mais dans les faits ce n’est pas forcément le cas. Certains industriels ont bien compris qu’il y avait un intérêt à jouer collectif et à « faire circuler » nos produits. C’est bénéfique aussi bien sur la disponibilité que sur les stocks.
Animateur : Donc vos clients utilisent le reconditionné comme un « sourcing » supplémentaire. Et d’après ce que vous dites, plutôt quand ils ont besoin d’un produit ancien, et dont ils n’ont plus aucun exemplaire de rechange en stock.
Y-a-t-il des produits qui sont plus adaptés que d’autres au reconditionnement ?
Et dans quelle mesure les produits reconditionnés permettent-ils d’augmenter la durée d’exploitation des machines ?
Michel Peran : Comme je le disais juste avant, nous reprenons tous les produits d’entraînements. Et 90% des produits que nous reprenons peuvent être reconditionnés.
Bien sûr, il y a des produits qui paraissent plus faciles à reconditionner, ou que l’on trouve plus fréquemment sur les étagères de nos clients. Comme les moteurs par exemple. Il y aura forcément une offre plus importante sur ces produits.
Concernant la gestion de l’obsolescence, nos clients peuvent exploiter leurs machines plus de 25 ans après l’arrêt de la commercialisation d’un produit d’automatisation, en combinant la RÉparation, la REmise à neuf, le REconditionnement, le REtrofit et l’extension de service LLS.
Ce sont 5 services différents que peuvent proposer les fabricants qui doivent à mon sens devenir 4 REflexes à adopter quand on veut gérer un parc machines durablement. Ne serait-ce que pour réduire les risques en matière d’approvisionnement.
N’oublions-pas par exemple qu’il y a dans nos moteurs des aimants permanents pour lesquels il y a une très forte demande liée au développement de l’éolien et des voitures électriques et qui sont fabriqués à partir de terres rares, une ressource qui se tarit.
Animateur : Cet exemple des aimants permanents est très parlant. Il montre bien comment l’économie circulaire permet de concilier des exigences de performance (industrielle, économique, et même commerciale finalement, si l’on pense disponibilité du produit pour le client), avec une gestion plus raisonnée des ressources naturelles. Est-ce que vous avez d’autres éléments factuels à nous communiquer sur l’impact que peut avoir l’utilisation de produits reconditionnés ?
Michel Peran : Très concrètement, les trois quarts du poids d’un moteur sont des composants réutilisables. On sait aussi qu’en moyenne un produit reconditionné correspond à une réduction d’émissions de CO2 de 50%.
A l’échelle de la petite boucle de circularité que nous essayons de mettre en place, l’impact est très important. Et toute l’idée derrière le concept d’économie circulaire est de multiplier ces petites boucles pour avoir au global un effet très significatif, à la fois sur la gestion des ressources et sur les émissions de gaz à effet de serre.
L’Institut National de l’Économie Circulaire écrivait en dans un rapport de 2021 qu’il faudrait moins de 5 ans pour que tous les modèles industriels soient touchés. C’est ce qui est en train de se passer. Y compris dans les services de maintenance. Nos clients, qu’ils soient dans l’industrie automobile, la transformation des métaux, l’agroalimentaire ou encore l’emballage commencent à intégrer l’économie circulaire dans leur stratégie.
Animateur : Donc l’économie circulaire se développe dans les services de maintenance grâce aux produits reconditionnés que proposent désormais les fabricants. Je crois qu’on peut dire que c’est une bonne nouvelle. Nous arrivons au terme de ce podcast ; merci Michel Peran d’avoir partagé votre expérience terrain avec nous.