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L’Usine du futur : Tour d’horizon – Interview Rolf Najork

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Rolf Najork – President and CEO – Bosch Rexroth AG

Lorsque nous avons parlé l’année dernière de l’Usine du futur, vous insistiez sur la nécessité d’apporter des bénéfices concrets en termes de flexibilité, de qualité et d’accessibilité.

Qu’a apporté Bosch Rexroth à ses clients dans ces domaines au cours de l’année écoulée ?

Nous sommes entrés dans le détail de notre feuille de route technologique. Et je suis fier des nouveaux produits que nous apportons au marché.

Nous avons ActiveShuttle, notre véhicule guidé autonome (AGV), et son système de contrôle intelligent qui lui permet de travailler de manière flexible au sein d’une flotte coordonnée. Il sera mis sur le marché courant 2019.

Nous avons aussi de nouvelles solutions en matière de connectivité. Notre passerelle IoT Gateway est à la fois très compacte et puissante et nos plaques signalétiques numériques sont des capteurs basse consommation qui peuvent se fixer presque n’importe où. Ces capteurs transmettent de nombreuses données en Bluetooth, comme la température ambiante et le taux d’humidité de l’endroit où ils se trouvent, ou encore l’accélération à laquelle ils sont soumis lorsque l’objet auquel ils sont attachés est en mouvement. Armé de ces technologies, n’importe quel industriel peut être opérationnel en l’espace de quelques heures. C’est très rapide et financièrement très abordable.

Nous introduisons également de nouvelles fonctionnalités dans notre offre de maintenance prévisionnelle. Et nous dévoilerons bientôt d’autres innovations : une nouvelle génération de systèmes d’automatismes et une infrastructure IoT pour la fabrication que nous développons avec Bosch. Une fois finalisée, elle permettra de faire le lien entre l’ERP et les équipements de l’atelier. Tous ces développements sont très prometteurs.

 

Quelles tendances ont émergé ou se sont accentuées ?

L’intelligence artificielle (IA) est une tendance de fond. Bosch Rexroth et Bosch sont très actifs dans ce domaine. Nous l’appliquons par exemple à l’analyse de données (Big Data) dans un nouveau système de soudure. L’IA est aussi utilisée pour optimiser la performance des équipements.

L’émergence de modèles économiques basés sur l’IoT est une autre tendance intéressante. Les informations recueillies dans l’atelier et l’entrepôt sont transmises aux systèmes de gestion, qui les analysent, les interprètent et les exploitent. Cela permet d’explorer de nouvelles approches de la production et de la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Enfin, il y a la tendance à la personnalisation des produits. Ce n’est pas vraiment nouveau, mais les choses s’accélèrent. Bosch Rexroth est très engagé pour créer l’environnement de travail flexible avec des temps de changement très courts dont les industriels ont besoin pour y répondre.

Pouvez-vous nous présenter quelques applications concrètes de l’Usine du futur ? De quels avantages le client profite-t-il déjà ?

Ce qui me semble très intéressant, c’est que chacune des évolutions que je viens de décrire transforme la façon dont nos clients conçoivent la fabrication. Ils ne viennent plus vers nous simplement pour discuter de nos produits et de nos technologies ; ils veulent que nous collaborions ensemble à définir de nouvelles approches pour améliorer l’efficacité et la productivité tout en réduisant les coûts.

Ils se tournent vers nous pour notre expertise technique globale et notre approche systémique. Nous travaillons avec eux sur de nouvelles applications de fabrication. Nos clients sont conscients que notre coeur de métier reste les entraînements et les systèmes de commande ; ils ne s’attendent donc pas à ce que nous fournissions des systèmes complets. Mais ils savent que nous pouvons
les aider à créer l’environnement technologique dont ils ont besoin et à mettre en oeuvre de nouvelles approches à grande échelle.

Le commerce international est en pleine mutation. Quelles conséquences pour l’Usine du futur ? Peut-elle aussi être un moteur de cette mutation ?

Oui, des évènements géopolitiques, tels que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine ou encore le Brexit, peuvent avoir un lourd impact sur l’activité commerciale et affecter le développement de l’Usine du futur.

Mais où qu’elle se trouve, une entreprise manufacturière cherchera toujours à améliorer ses coûts, son efficacité, sa flexibilité. Et pour y arriver elle doit s’appuyer sur d’autres entreprises. Nous sommes tous interdépendants et en ce sens je ne pense pas que les liens internationaux puissent être rompus.

Personne, dans l’industrie pas plus que sur d’autres marchés comme l’informatique grand public, ne veut de solutions isolées. L’adoption de normes internationales reste un facteur de diminution des coûts et de simplification.

Le marché peut même améliorer les choses. Le climat des affaires et les souhaits des consommateurs restent des arguments de poids et je pense qu’ils seront à même de contrecarrer certaines turbulences politiques. C’est ce que reflète justement le développement des normes.

 

Comment un entrepreneur peut-il se préparer à l’Usine du futur ?

Si les entrepreneurs savent depuis longtemps qu’ils doivent comprendre au mieux les besoins de leurs clients, le rythme s’est accéléré et cet impératif se fait désormais plus prégnant, l’enjeu étant aujourd’hui de les anticiper.

Cela est possible grâce à la flexibilité qu’apporte l’Usine du futur. Nous avons pour objectif de travailler avec les entrepreneurs, de les aider à répondre à la demande en leur apportant les outils et les technologies nécessaires pour se différencier et personnaliser leurs produits. En travaillant ensemble, nous pouvons anticiper et surmonter les contraintes de production, mais aussi rendre la technologie accessible et abordable.

Le revers de la médaille, c’est que cela rendra la concurrence encore plus rude et poussera plus que jamais les entrepreneurs à devoir trouver un avantage concurrentiel distinctif.

 

L’année dernière, nous avions envisagé l’avenir. Si nous nous prêtions de nouveau à l’exercice ? Que va-t-il se passer dans l’année qui vient ?

Je vois deux grandes tendances. La première est que la robotique va prendre de plus en plus de place, avec des applications collaboratives, mais aussi des applications autonomes, comme on peut le voir avec ActiveShuttle.

La seconde est le développement de l’analyse des données issues des capteurs. Ces analyses seront de meilleure qualité, ce qui va améliorer la maintenance prévisionnelle et la surveillance d’état.

Qu’est-ce qui vous semble le plus prometteur ?

Il ne s’agit pas d’un élément en particulier, mais plutôt de la tendance générale et de l’accélération des évolutions.

Le marché se porte vraiment très bien : il est sain, il est innovant, il porte de nouvelles technologies et propose de nouvelles façons de concevoir des produits, comme la fabrication additive. Cela crée de nouvelles opportunités. J’irais même jusqu’à dire que cela compense la volatilité actuelle du marché. La balance penche plutôt dans cette direction.

C’est très enthousiasmant de voir Bosch Rexroth être parmi ceux qui ‘appuient sur l’accélérateur’. Tous nos récents développements contribuent à dessiner une image d’ensemble plus précise. Je suis très fier de cette contribution.

 

L’année dernière, vous aviez aussi évoqué l’élaboration de normes en collaboration avec d’autres entreprises. Quels ont été les fruits de cette démarche ?

J’ai évoqué tout à l’heure l’importance des normes. Nous y travaillons dans deux domaines principaux. Le premier est le protocole de communication OPC UA. Il fournit une interface numérique entre différents équipements de la ligne de production connectables à Internet. Son adoption est indispensable pour l’Usine du futur.

Ensuite, nous développons des interfaces au sein même des fonctionnalités de contrôle de nos solutions, ce qui permet à nos clients de les intégrer à leurs propres logiciels. C’est une forme de standardisation qui nous laisse beaucoup de latitude pour proposer des solutions polyvalentes, innovantes et de qualité.

Rolf Najork
President and CEO Bosch Rexroth AG
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