Bosch Rexroth précurseur de l’usine du futur – Interview Rolf Najork
Rolf Najork – President and CEO – Bosch Rexroth AG
Monsieur Najork, quelle vision avez-vous de l’Usine du futur ?
Ce que l’on entend sur l’Usine du futur est surtout scientifique et théorique. Je crois qu’il nous faut une vision plus pragmatique, centrée sur les bénéfices que nous voulons apporter à nos clients. Nous devons offrir davantage de flexibilité en production en conservant un haut niveau de qualité et de compétitivité.
Comment envisagez-vous d’y parvenir ?
Pour nous, l’Usine du futur est entièrement reconfigurable. A part les murs, les sols et les plafonds, tout pourra être déplacé. Les lignes d’assemblage seront conçues sous forme de modules qui pourront être réassemblés au gré des besoins pour constituer de nouvelles lignes. Les machines communiqueront entre elles et avec d’autres étapes du processus par la 5G, sans fil, et leur alimentation en puissance se fera par le sol au moyen d’un système à induction. C’est le grand défi que nous souhaitons relever !
En quoi cette approche répondra-t-elle aux besoins de vos clients ?
Cette approche est totalement orientée clients. Elle répond à leurs besoins et à ceux de leurs propres clients. Nous sommes néanmoins conscients que les préoccupations immédiates, surtout dans les petites entreprises, sont plutôt : comment améliorer les processus, comment produire à moindre coût ? Toute vision à long terme peut donc leur sembler manquer de pertinence.
Nous voulons au contraire montrer à nos clients qu’en s’engageant dès aujourd’hui sur la voie de l’Usine du futur, ils peuvent répondre beaucoup plus rapidement à leurs problèmes d’amélioration de processus, de qualité, de coûts de production, etc. Prenons l’exemple de la fabrication en petites séries. Certains industriels y sont déjà confrontés, via la personnalisation, pour la production de chaussures de sport ou d’automobiles par exemple. Avant de lancer une petite série sur leur outil de production, ils doivent être certains que tout va fonctionner comme prévu.
Pour cela, il existe le concept du jumeau numérique, un double virtuel de l’usine utilisé comme banc d’essai.
L’Usine du futur est une démarche commune de l’ensemble des acteurs industriels. Quelle est la contribution de Bosch Rexroth ?
Nous avons les moyens de développer beaucoup de choses par nous-mêmes, en particulier dans le domaine des entraînements et des commandes qui fait notre réputation. Mais nous faisons partie d’un écosystème qui, pour fonctionner, a besoin de standards partagés par tous. Les protocoles de communication sont un enjeu majeur.
C’est la raison pour laquelle nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires du secteur IT et participons activement aux travaux de la Fondation OPC et des plateformes Industrie 4.0 et Usine du futur.
Pour que les fabricants entreprennent leur transformation, ils doivent sentir qu’ils s’engagent sur une voie partagée par l’ensemble des acteurs industriels.
Quel impact aura l’Usine du futur ?
Je crois que nous aurons des produits excellents et extrêmement diversifiés. De plus, les fabricants seront à même de proposer des produits d’encore meilleure qualité à des conditions très avantageuses.
Je crois que la personnalisation va devenir un argument majeur dans un monde de près de 10 milliards d’habitants. Et c’est précisément ce que l’Usine du futur va permettre.
Pour aller plus loin :